Le saviez-vous ? La meilleure saison pour planter ses arbres est en hiver. Au Moulin Bleu, on aime bien planter des arbres et arbustes. Combinez les deux et découvrez nos deux semaines de chantier de plantation ! Nos deux corganisateurices, nous racontent ces moments.
Le chantier en chiffres
- 9 jours sur deux semaines différentes
- 60 personnes
- 3500 boutures de saule osier jaune
- 3 kilomètres de haies qui ondulent dans le grand champ du Moulin
- 700 arbres fruitiers
- Pommier
- Cognassier
- Pêcher
- Chataigner
- Prunier
- Abricotier
- Amandier
Les plantations à la loupe
D’abord, pourquoi planter des haies ? Nous avons répondu à cette question lors de notre premier chantier de plantation de haies en novembre 2020. Le travail de restauration de l’écosystème de bord de rivière continue donc !
Côté fruitiers, nous avons opté pour des variétés adaptées à notre climat (sauf pour les abricotiers et les amandiers qui sont des tests), et pour s’y retrouver côté budget nous nous sommes fournis en plants de pépinière “déclassés”. Comme des légumes moches qui ne sont pas adaptés à la vente dans les circuits classiques, les fruitiers qui ramifient trop bas ou ont une tige trop penchée sont vendus “déclassés”. Nous avons réparti les différentes espèces de fruitiers aléatoirement afin que les floraisons printanières s’échelonnent tout au long de la haie de 800m de long : les pruniers/abricotiers/amandiers fleurissent tôt au printemps de février à mars, les cognassiers/pommiers prennent la suite en avril. Cette haie nourrira les animaux : les pollinisateurs comme les abeilles, les animaux frugivores et les habitant.e.s bien sûr!
Les saules/osiers eux viennent de tous les coins du sud du Perche. Nous en avons prélevé des boutures à 7 endroits différents, sur différentes “souches”. Ils serviront à faire de l’osier d’ici quelques années, mais aussi du broyat frais pour alimenter nos composts chauffants. Après le premier test concluant des douches du camping qui a été renouvelé avec succès en 2021, un autre compost chauffant de broyat d’osier alimentera une cuve d’eau chaude pour chauffer des espaces encore à définir. En tout, ces 3500 saules produiront 40-60m3 de broyat annuellement ! Aussi, ces tailles régulières de bois/feuillage frais de saules/osiers permettront potentiellement d’exporter une partie de l’excédent d’azote du grand champ et ainsi l’aider à la restauration de sa biodiversité. En effet, même si celà parait peu intuitif, une prairie trop riche en azote s’appauvrit en biodiversité végétale, et par effet de cascade, s’appauvrit également de sa richesse faunistique (pollinisateurs, oiseaux). Du fait de la proximité du Loir plutôt chargé en azote qui imbibe le sous-sol de la vallée et l’exploitation passée du foin qui passait par des amendements d’engrais, nos prairies ont un excédent d’azote. En re-créant un bocage dans cette pâture, et en changeant son mode de gestion (arrêt des fauches, pâturage tournant de brebis, export local de broyats verts), on redonne vie à la prairie sous terre et sur terre.
En parlant de saules, ils nous ont été très utiles pour construire nos nouvelles petites cabanes vivantes 😉 Quand ils seront en feuille, voici où nous pourrons nous réunir pour des moments de groupe ou de détente !
Nous avons également commencé à monter une serre tunnel ! Indispensable pour les légumes qui demandent beaucoup de soleil, comme les tomates. Cette année, on ne se fera pas avoir par la pluie !
Enfin, petite touche finale mais pas des moins importantes : les perches à rapaces. Nous avons profité de l’élagage et du trognage de certains arbres pour planter de grandes branches dans le sol de la prairie. Ainsi, les rapaces auront désormais des supports pour se nourrir de rongeurs, ce qu’ils font le plus souvent en se perchant sur les branches au-dessus d’une prairie. Avec l’abandon de la fauche et le passage au pâturage tournant des brebis, les campagnols et mulots prolifèrent ce qui en soi n’est pas un problème : ces rongeurs font vivre le sol de la prairie en le décompactant, favorisent les successions de communautés végétales, et nourrissent les rapaces diurnes et nocturnes. Les rapaces régulent les populations de rongeurs et nous sommes heureux.ses de leur fournir un habitat de chasse plutôt propice.
Et comme l’ont vécu nos organisateurices ?
Deux de nos référent.e.s du groupe de travail “Agritas” se sont investis dans la préparation et la référence de ces 9 jours de chantier plantations. Le groupe Agritas s’occupe des espaces extérieurs (forêt-jardin, prairies, berges, arbres, animaux…). Voici leurs retours sur la co-organisation de ce chantier :
Nous avons eu une grande diversité de personnes, plutôt novices en plantations, mais très volontaires. Pour certain.e.s, c’était leur première plantation d’arbres. Ce fut très agréable de pouvoir transmettre ce que nous avons appris ici. On avance moins vite qu’avec des “pros”, mais le but de ces chantiers était surtout d’apprendre ensemble et de s’adapter à chacun.e. On plante, on passe de bons moments ensemble, on avance à notre rythme. Ces chantiers ont beaucoup appris à chacun.e. Il y avait une très bonne ambiance sur le chantier, notamment grâce à notre nouvelle charte d’accueil. Nous insistons sur deux points cruciaux sur ces temps de vie collective : le consentement et les comportements genrés, qui peuvent mener à des situations crispantes, difficiles voire d’agression ; faire de la pédagogie et de la prévention en amont du chantier met beaucoup de personnes dans une ambiance bien plus sereine. Nous voulons lutter contre les comportements oppressifs tout en cultivant des valeurs de joie et d’apprentissage, des espaces de paroles et d’écoute où tout le monde se sent bien. Dans ce chantier, nous avons mis en place des “Check-émotionnels” quotidiens qui consistent à s’exprimer chacun son tour en petit groupe de 3-4, sur ce qui va et ce qui ne va pas. Ces moments ont été très appréciés et ont permis aux participant.e.s de mieux se rencontrer. Sur les deux chantiers, l’ambiance de groupe était très bonne. Rendez-vous l’année prochaine pour d’autres chantiers d’hiver !