Quoiqu’en dise Marie, au Moulin, on arrive encore un peu à se détendre et à se divertir ! Chacun.e a ses choix de prédilections pour décompresser. Pour vous donner une approche différente des habitant.es de la maisonnée, nous avons eu l’envie de vous partager quelques unes des nos pépites culturelles, qui nous trainent dans les poches. Nous espérons que vous puissiez y trouver un peu d’inspiration ou de point de connivence. Que vous soyez littéraire, cinéphile ou audiophile, il y en a pour tous les goûts.On vous présente deux sélections : nos recommandations post-confinement, et nos coups de cœur-réconfort. Des œuvres qui font figure de madeleine de Proust, et qui continuent à enchanter notre quotidien ; et vous constaterez, peut-être avec surprise, que Robin Williams y tient un place de choix… !
Se divertir par temps de confinement
Livre - ENTRE DEUX MONDES et SUR LEUR ROUTE
ENTRE DEUX MONDES, Olivier Norek
SUR LEUR ROUTE. RECITS D’EXIL DE LA JUNGLE DE CALAIS AU KURDISTAN D’IRAK, Cloé Chastel
EDOUARD
« Le roman d’Olivier Norek est une histoire fictive d’un migrant qui traverse la manche, très bien écrit, passionnant à lire. Je l’ai tout de suite mis en lien avec le livre Sur leur route […], écrit par mon amie Cloé Chastel, qui rassemble une tranche de ses mémoires. Ces deux œuvres sont l’occasion d’entreprendre un voyage éprouvant, dans le monde terrible de l’exil mais qui nous enrichit d’une vision différente. Je me sens relié à d’autres cultures, et découvre des manières plurielles d’aborder la vie. Je me confronte au sentiment inconfortable et ambivalent de « ne servir à rien », comme je ne suis pas là, directement mobilisé pour aider les migrants, les accompagner et les défendre. Je n’ai pu que compatir, relativiser sur mes propres difficultés, et constater que je jouis d’un confort indubitable. Pour autant, ces lectures provoquent en moi une communion avec l’humanité. »
Livre - CHEZ SOI
MARGAUX
« C’est intensément libérateur de lire cet essai. Il fait prendre conscience du poids des injonctions constantes auxquelles nous sommes soumis, jusque dans notre manière d’habiter, de considérer notre chez soi. Remettre ça en question, c’est aussi du développement personnel. J’assumai déjà pas mal mon côté casanier lorsque je vivais à la Maison Bleue. Au Moulin Bleu, c’est moins évident : le groupe avec qui on partage ce lieu évolue constamment. C’est déstabilisant, j’ai besoin de temps pour gérer des changements. Même si les personnes se connaissent théoriquement bien, chacune a évolué, particulièrement cette dernière année, et on cherche encore notre équilibre. Le fait de devenir propriétaire, aussi, change la donne dans notre manière de considérer notre lieu de vie ! »
ANAIS
« Ce livre de Mona Chollet fait voyager dans les sphères les plus intimes et les plus publiques du concept de foyer. Elle pioche constamment dans ses propres expériences et dans les références les plus pointues et documentées pour nous interroger sur ce que représente l’habitat, esthétiquement, pragmatiquement mais aussi comme biais de domination et tout à la fois d’émancipation. Lorsqu’on n’a dédié une bonne part de son temps à réfléchir et à réinventer sa manière d’occuper un espace de vie, comme il est indispensable de le faire pour toute personne qui s’intéresse à l’habitat collectif, ce livre se déguste ! C’est aussi l’occasion de se sentir particulièrement privilégié.e d’avoir le luxe de se poser et de considérer ces options d’habitats. Il est urgent de trouver des solutions pour que le bien primaire d’accès à un logement décent et satisfaisant soit comblé, quelque soit son niveau social, surtout en situation de confinement. »
Podcast - UN PODCAST A SOI
MONTSE
« J’ai beaucoup écouté de podcasts durant le confinement, tout particulièrement un Podcast A Soi qui aborde des sujets variés sous le prisme du féminisme avec du contenu de qualité. J’ai aussi particulièrement apprécié les récits de gens qui partagent leurs expériences. J’ai eu besoin de voyager par l’audio à défaut de pouvoir réellement me déplacer. En revanche, je me suis abstenue d’écouter des podcasts avec des sujets trop lourds qui pour moi n’apportent pas du concret, d’actualité ou de collapsologie, pour ne pas me plomber davantage le moral. »
Jeu Vidéo - HEAVE-OH
POC
« Il s’agit d’un jeu coopératif qui a l’avantage d’être accessible à tous et toutes, tout de suite, quelque soit son niveau, même si ça demande quand même du doigté. Immanquablement, on se tape des barres ! Au Moulin, on est un petit noyau à jouer régulièrement, et c’est amusant de constater les progressions de chacun.e. »
Profiter de la NATURE, en toute simplicité...
Illustration : LA JEUNE FILLE À LA FENÊTRE – 1925 – Salvador DALI
JEAN-BAPTISTE
« Je recommande vivement de regarder le monde par la fenêtre plutôt qu’à travers un écran. Quelques soient les conditions de confinement auxquelles on est soumis, si on cherche et s’y attarde, la beauté de la Nature se faufile partout… »
Podcast - FILLES DE LUTTE
MARIE
« Ce nouveau podcast est formidable ! Il est réalisé par deux mamans, élevées par des combattantes féministes qui s’interrogent sur l’éducation qu’elles ont reçues et celle qu’elles souhaitent transmettre. Pour alimenter leur réflexion, elles offrent la parole à des femmes, elles-mêmes filles de militantes pour dresser le portrait de leur propre mère. J’ai besoin d’écouter des podcasts à valeur éducative. Ce médium me parait idéal pour développer mon sens critique. Je trouve ce format plus accessible et simple que lire des essais. En plus, cela libère les mains pour s’adonner à des activités créatives et manuelles tout en s’occupant l’esprit ! »
Film - THE TRUMAN SHOW
ALAIN
« Je trouve que ce film fait une bonne analogie avec la situation du confinement. (ATTENTION SPOILER !!) On se retrouve circonscrit dans un décor cloisonné, contraint.es par une entité supérieure. Mais contrairement à Jim Carrey, on en a conscience, et globalement on choisit de subir la situation.
On reste très passif.ves. Je trouve qu’il n’y pas assez de débats autour des alternatives qui pourraient y avoir au confinement. Il n’existe aucune consultation citoyenne qui serait l’occasion de présenter de scénarii alternatifs qui nous permettraient d’être davantage informé.es voire parti prenant de l’option adoptée pour surmonter la crise sanitaire. C’est regrettable.»
Livre - PLUS LOIN QUE L’HIVER
PLUS LOIN QUE L’HIVER, Isabel Allende
FLORIANE
« Il s’agit d’un livre que j’ai lu pendant le premier confinement. Il relate trois parcours de vie, qui par un concourt de circonstances se percutent et s’entremêlent. Le lecteur est transporté dans des histoires latino américaines à partir de protagonistes qui se retrouvent à Brooklyn, coincés par une tempête en hiver. J’adore la fenêtre que ce roman ouvre à travers des histoires individuelles sur l’Histoire plus grande. »
Les oeuvres réconfort
Livre - LE PETIT PRINCE
LE PETIT PRINCE, Saint-Exupéry
MARGAUX
« Je l’ai lu assez tard, je devais être ado, mais je l’ai d’abord découvert à travers une cassette audio, lu par Marcel Mouloudji. Je l’écoutais tous les soirs pour m’endormir. C’est une très belle histoire d’amour, universelle, racontée à travers les yeux d’un enfant qui en montre toutes les facettes. Une manière de me reconnecter à mon âme d’enfant. J’adore le panel de personnages qui y est dépeint. Ça me fait penser à Virginie Despentes dans Vernon Subutex, qui parvient à nous faire entrer dans la tête de gens pour qui on n’aurait jamais imaginé éprouver de la compassion. »
Musique - LA CUMBIA !
MUSIQUES TRADITIONNELLES MEXICAINES ET CUMBIA
MONTSE
« La musique mexicaine éveille en moi un sentiment de nostalgie et de réconfort. C’est un rappel évident à mes voyages au Brésil et Mexique. De ces pays, tout me manque : leur ambiance, leur énergie, les gens, leur saveur particulière !… Je n’idéalise pas non plus ces pays, mais j’envisage un jour un retour à ces sources pour une étape de vie ou pour au moins y faire un long voyage. Pour autant, c’est plus compliqué de se projeter avec la crise actuelle : je ne voudrais pas être juste une expatriée qui rentre rapidement en France dès que la situation se corse. »
Peinture - CENTAURE MOURANT
JEAN-BAPTISTE
« C’est une œuvre saisissante et singulière. Elle parle de la mort d’un ancien temps. Bourdelle y pose une force esthétique et une puissance qi m’émeuvent. Pour l’artiste, cette sculpture clôt un cycle de sa vie et marque une renaissance individuelle puisqu’il se libère alors de l’influence de son maître, Rodin. »
Musique - DON'T WORRY BE HAPPY
DON’T WORRY BE HAPPY, Bobby McFerrin
POC
« Une tante m’a fait découvrir cette œuvre. Je l’écoutais en boucle pendant la préparation de mes concours. C’est devenu une sorte d’hymne officiel quand j’ai des moment compliqués. C’est beau, ça file la pêche, et en plus le clip est très drôle (et y’a Robin Williams dedans !) »
Livre - L’INSOUTENABLE LEGERETE DE L’ETRE
L’INSOUTENABLE LEGERETE DE L’ETRE, Milan Kundera
MARIE
« Je relis souvent cet ouvrage. Il recèle tant de grilles de lectures, que c’est une découverte perpétuelle ! »
Film - PEAU D’ANE
MARIE
« C’est une vraie madeleine de Proust ! Je replonge dans un univers enchanteur, qui m’emporte. J’y retrouve l’émerveillement de l’enfance. Pourtant, je n’adhère aujourd’hui pas tant au contenu, aux actions et propos des personnages. Comme pour les films Angélique que j’adore ! Il s’agit de femmes souvent présentées comme fortes, mais dont l’émancipation reste limitée… Je crois malgré tout qu’il y a un romantisme, un spleen qui marque cette époque qui me séduit au-delà des mes valeurs. »
Chaîne - LIZIQI
FLORE
« Les vidéos que produit cette jeune chinoise sont pour moi une bouffée d’air et de simplicité (bien qu’un plaisir un peu coupable…) ! Elle présente un quotidien de la vie rurale sublimé. Elle y effectue des tâches routinières, qui répondent à des besoins primaires mais avec beaucoup d’esthétisme. Il y a une mise en scène évidente, il faut clairement avoir une part critique en visionnant ces capsules, elles ne sont pas réalistes. Il serait dangereux que des urbain.es abandonnent leur environnement citadin, en espérant pouvoir concrétiser cet idéal à la campagne.
Pour moi, ces vidéos artistiques éveillent une part de rêve, et comble mon besoin d’esthétisme. J’aime particulièrement le traitement de l’ambiance sonore : des sons très naturels d’outils de cuisine, d’écoulement de l’eau, du pas feutré d’un animal, habillent l’espace et apaisent l’esprit. »
Film - WILL HUNTING
ALAIN
« C’est un de mes films favoris. Je m’identifie beaucoup au personnage principal joué par Matt Damon, un orphelin révolté contre l’ordre établi et qui bouillonne intellectuellement. Jeune, je me retrouvais dans son tempérament rebelle et torturé. Robin Williams joue un psychologue très émouvant et juste. Parmi tous les psys que Will consulte, il est le seul à montrer une vraie empathie pour son patient et finit par le saisir. C’est un des rares films qui m’ait fait pleurer. Je suis passé par ce genre d’épreuve de vie. J’ai moi-même eu la chance de recevoir de nombreux soutiens de la part de proches à ce moment-là, ce qui m’a permis de rebondir. Mon engagement associatif a également été une clef essentielle : la lutte écologique a été un moyen de remettre du sens dans ma vie en m’investissant dans une cause qui me dépasse et me battre. Aujourd’hui, j’ai trouvé une nouvelle manière de contribuer : je réalise un documentaire sur des orphelins devenus adultes. Je cherche à comprendre comment eux gèrent leur statut et histoire de vie. La fondation OCIRP m’a accordé un financement pour tourner 2 vidéos sur le sujet et créer un guide à destination du corps enseignant. Je me sens fier d’être arrivé là aujourd’hui. »
Musique - DRÔLE DE VIE
DROLE DE VIE, Véronique Sanson
EDOUARD
« Ce morceau me donne sans conteste la pêche ! Régulièrement, je la joue pour courir. Certes, les paroles ne sont pas de la grande poésie, mais elles transmettent des concepts simples, efficaces. »
Livre - AIMER SANS DEVORER
AIMER SANS DEVORER, Lytta Basset
FLORIANE
«L’autrice est une théologienne protestante et elle aborde dans ce livre la question des relations et du juste rapport à l’autre. Elle met en garde contre la fusion, à trop vouloir correspondre aux attentes de l’autre ou attendre que l’autre corresponde à nos attentes ; elle recommande d’apprendre à trouver la juste et saine distance. Elle alerte aussi sur les fausses idées qu’on est souvent enclin à projeter sur l’autre, et enjoint à respecter l’altérité. Je le relis régulièrement, et il y a toujours un paragraphe qui me revient en tête, m’interpelle et me nourrit. C’est un livre éclairant et réconfortant. Je me nourris beaucoup de livres spirituels et de développement personnel. Ils m’aident à descendre à un niveau plus intérieur. Afin de bien démarrer ma journée, je m’accorde toujours une pause de méditation et d’écriture. Je prends notamment le temps de remercier pour un événement, une parole, un échange de la journée précédente. Ça m’aide à entretenir la gratitude. Autrement, je serais dans la frénésie de la journée, et ne trouverais pas le temps de m’arrêter pour admirer les moments passés.»
Film - HOOK
HOOK, Steven Spielberg
ANAÏS
« Je regardais ce film en boucle étant enfant. C’est le seul film pour lequel je peux encore aujourd’hui citer des répliques de tête*, ceux qui me connaissent reconnaitront que c’est un exploit !
J’étais absolument fascinée par ce monde magique, peuplée de pirates, sirènes, et d’enfants sauvages. J’ai toujours voulu grandir vite, rattraper les années qui me séparaient de ma sœur ainée, et accéder à l’âge adulte, persuadée que ma vraie vie ne commencerait réellement que lorsque je serai majeure et vaccinée. Pourtant, ce film me procurait un furieux plaisir à rester encore dans un monde d’innocence et de jeux. Et soyons honnête, lorsque Peter rentre de son voyage merveilleux, et jette son téléphone portable par la fenêtre, c’est terriblement jouissif ! »
*( « Crochet, crochet, je t’ai accroché ! » « Rufffioooo », « en bonne et due forme, Jack ! », « j’ai perdu mes billets », « Mais c’est toi, Peter »)
Oh my ! Une préquelle présentant l’origine de Rufio existe ?! ok….c’est franchement mal joué…
Peinture - CYCLE MARIE DE MEDICIS
CYCLE MARIE DE MEDICIS, Rubens
JEAN-BAPTISTE
« Ces toiles monumentales narrent la vie de Marie de Médicis. C’est affreux et fascinant à la fois. Les trois sœurs parques y sont dépeintes, filant la vie, le destin des humains et des Dieux. Cette interprétation m’a profondément remuée car elle interroge sur la liberté de choix. Ca a été fondateur dans ma façon de penser le libre-arbitre : faut-il espérer ou se brider ? Forger sa propre destinée ou se laisser porter par l’impact d’événements externes et indépendants ? »